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Le Vigneron du Val de Loire
L'information viticole pour les professionnels

Le gel s'invite encore


Rédigé le Vendredi 21 Avril 2017

Ce printemps encore, le gel est venu malmener les vignes et les vignerons du Val de Loire ces 20 et 21 avril au petit matin. Des températures à - 4 °C, voire - 5 ont été enregistrées. Petit tour d'horizon du vignoble ligérien.


En pays nantais : Le vignoble nantais n'a pas échappé à la vague de gel du 20 avril. Comme en 2016, les premiers dégâts ont été constatés sur des parcelles de bas et de milieu de pentes. On fait état de dommage plus ou moins conséquents du côté du Landreau, de Monnières, la Chapelle-Heulin. Un état des lieux plus précis sera nécessaire pour évaluer l'ensemble du préjudice. 

En Anjou : Dans l’ensemble, le secteur de l’Aubance aurait été un peu impacté, tandis que le Layon aurait été plutôt épargné. Les dommages semblent – avec la plus grande prudence nécessaire au moment où nous écrivons – moins importants qu'en 2016. Selon une rapide enquête auprès de quelques vignerons à travers tout le vignoble, on n’enregistre pas de dégâts gravissimes. D’un point de vue général, bien sûr, cela n’exclut pas des parcelles ici ou là fortement touchées, et des exploitations bousculées par des gels à répétition.

Dans le Saumurois : Certains secteurs sont très touchés, mais une grosse majorité semble ne pas avoir pas trop souffert. Avec des zones qui d’habitude ne sont pas concernées. Notamment toute la côte de Saumur Champigny, avec des préjudices sérieux du côté de Parnay ou Souzay.  “On a aussi enregistré des dégâts dans le secteur de la Vienne en AOC Saumur”, précise Marie Gilson, technicienne à la cave coopérative. “Globalement, on n’a pas, à ce jour, enregistré de gel massif, mais plus des choses locales, où les dégâts peuvent être importants, avec des parcelles très endommagées”.  

Dans l’AOC Chinon, le gel a touché des vignes habituellement non gélives, et en l’absence d’humidité au sol. Une douloureuse surprise. « Il y a eu en moyenne plus de 50% de dégâts sur Beaumont-en-Véron et sur St-Louans, annonce Francis Jourdan, président de l’ODG. Certaines parcelles ont été frappées à plus de 80%. La température a atteint moins 7°C. Le secteur Cravant-Panzoult est indemne, l’aspersion et les tours anti-gel ont bien fonctionné ».
En AOC Bourgueil, « des vignes sur Chouzé-sur-Loire ont été touchées à plus de 50% », relate Philippe Boucard président de l’ODG. Les systèmes d’aspersion ont bien sûr été activés, mais les tours mobiles  de la Cuma La Benaisienne sont encore à l’état de projet, pour 2018. A St-Nicolas-de-Bourgueil, Alexandra Genneteau, animatrice du syndicat, signale « des dégâts épars », hors parcelles préservées par aspersion.
A Vouvray, le gel a touché les 20 et 21 avril « des petites surfaces, en particulier des bas de pentes. Sur Reugny, des vignes sont gelées à 40% », note Jean-Michel Pieaux, président de l’ODG.
A Montlouis, des dégâts localisés ont été constatés dans les  zones non équipées de  tours anti-gel mobiles ou de frost-guards et non survolées par hélicopère.
En Touraine-Azay-le-Rideau, où le vignoble a été durement atteint l’an passé, le gel a à nouveau fait de lourds dégâts, « sur 80 à 90% des vignes chez les vignerons qui n’ont pas fait voler d’hélicoptère, constate Quentin Bourse, président du syndicat. Nous avions tous mis les sols au propre, sans herbe, il n’y avait pas d’humidité au sol et nous nous sommes pris pourtant une gelée noire. Le thermomètre est descendu jusqu’à moins 4,5 °C ».
En Touraine-Amboise, « le sud du vignoble, d’Amboise à Chaumont a été touché, avec entre 10 et 90% de dégâts. Six vignerons sont concernés. La température a chuté à moins 4°C », indique Xavier Frissant, président du syndicat.
En AOC Touraine, côté Loir-et-Cher « les dégâts sont plus importants que l’an dernier, en particulier sur Châtillon-sur-Cher, Noyers, St-Romain, Thésée, Sassay, Oisly, avec certaines parcelles gelées à plus de 90% », relate Dominique Girault, président de la FAV 41.  Là elles sont implantées, les tours anti-gel (souvent complétées de bougies) ont bien préservé les vignes. La température est tombée localement à moins 5°C.  Ailleurs dans l’AOC, comme  dans le Chinonais et le Bourgueillois, des vignerons ont tenté de protéger les bourgeons avec des écrans de fumée.
Le vignoble de Cheverny Cour Cheverny a aussi été très touché par le gel,  ainsi que celui de Valençay où des parcelles ont gelé à 80%.
Dans les Coteaux du Vendômois, Nicolas Parmentier du syndicat des vignerons signale  des parcelles atteintes jusqu'à 80%. Le gel a également fait des dégâts en Coteaux du Loir/Jasnières.


Ces deux jours passés, les vignerons devraient souffler un peu jusqu'à la semaine à venir. Les prévisions météorologiques laissent en effet entrevoir d’autres risques entre le 26 et le 28 avril. Avec de surcroît un taux d’humidité bien supérieur. A suivre, en croisant les doigts. 

Patrick Touchais et Ingrid Proust 


 

L’hélico : utile mais pas sans limites

Au petit matin des 20 et 21 avril, huit hélicoptères ont survolé 260 ha vignes de Montlouis, en de multiples allers et retours. Le brassage d’air par hélicoptère relève du même principe qu’une tour anti-gel. « Mais l’hélico peut atteindre l’air chaud à une altitude plus élevée qu’une tour, indique Damien Délecheneau, président de l’ODG de Montlouis.  Et il peut travailler vite, jusqu’à 30 ha en une heure ». Les hélicoptères ont volé pendant 1h 30. « On avait au sol moins 4°C, au sol et ils ont permis de faire remonter la température jusqu’à moins 1°C. Nous avons ainsi sauvé pas mal de bourgeons, même s’il est difficile d’évaluer l’efficacité de l’hélico puisqu’il a survolé aussi des secteurs où il n’y a pas eu de gel. Il n’existe de toute façon aucune méthode miracle contre le gel », poursuit le vigneron.
A Azay-le-Rideau, le président du syndicat Quentin Bourse et Marielle Henrion ont eux aussi eu recours à l’hélico. « Nous sommes parvenus à remonter à moins 1,5/moins 1,2°C au lever du jour, mais l’air brassé était froid. Dans les vignes où la température était à moins 3,8°C, moins 4°C, l’hélico n’a pas sauvé les bourgeons », explique Quentin Bourse. Autre limite : faute d’autorisation pour des vols de nuit, les hélicos ne peuvent décoller qu’une demi-heure avant le lever du jour, à 6h30.

Dans l’AOC Vouvray, à Chançay, plusieurs vignerons ont affrété un hélico sur une trentaine d’ha le 20 avril. « Nous avions moins 2°C, moins 3°C. Nous avons ainsi gagné 1°/1,5°C. Il n’y a quasiment pas eu de bourgeons grillés, mais hors zone survolée par l’hélico, les vignes n’ont pas non plus été touchées », note Jean-Michel Pieaux, président de l’ODG.
L’ODG de Montlouis a signé un contrat de plusieurs années avec la compagnie Héliberté. « 34 producteurs sont  inscrits dans le dispositif, avec l’objectif de préserver ainsi du gel 300 ha, soit les deux-tiers du vignoble de Montlouis », indique Virginie Fleureau, animatrice du syndicat. Le coût sera réparti entre les vignerons au prorata des surfaces concernées. « Le recours à l’hélicoptère, à 1 300 € l’heure de vol pour 30 ha, revient à environ 200 €/ha et par gel », précise Damien Délecheneau. Le coût de mise en alerte des appareils est de 80 €/ha. A Vouvray, Jean-Michel Pieaux évoque un budget de « 3 000 € HT pour 30 ha, soit 100 €/ha ».
Côté riverains, les réactions hostiles n’ont pas manqué dans la presse et les réseaux sociaux. L’ODG de Montlouis a communiqué en amont sur le sujet afin d’expliquer la démarche aux habitants et rassurer ceux qui imaginaient des épandages aériens de glycol ou de pesticides...Quentin Bourse, vigneron en biodynamie, a aussi défendu l’hélico sur le plan environnemental dans « La Nouvelle République » : « l’appareil que j’ai loué consomme 60 litres à l’heure, soit l’équivalent de quelques passages de tracteurs dans les vignes. J’ai perdu 80% de ma récolte l’an passé, je me dois de protéger mon exploitation et l’emploi de mes salariés ».
I.P.
 




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